Un collègue du Nord nous a transféré un mail envoyé par le SNUipp aux écoles de l'académie de Lille. Nous en publions quelques extraits (en noir) suivi de nos commentaires (en bleu).
[...] Les propositions ministérielles aboutissent à un alourdissement des charges de direction, tant en termes de formation que de gestion des personnels, qu'il s'agisse de l'utilisation des PE2 ou de l'emploi des EVS. Le travail en équipe et le fonctionnement de l'école en subiront les conséquences. On peut s'interroger sur la prise en charge de la nécessaire formation de ces jeunes aux mssions qui leur incomberaient... La précarité et les économies budgétaires sont au centre de ce protocole.
Dans les écoles, des messages arrivent ou vont arriver invitant ls équipes à demander un Emploi Vie Scolaire pour l'aide au fonctionnement de l'école. [...]
Transformer les directeurs d'école en agents recruteurs de personnels à statut précaire ne relève en aucun cas d'une quelconque "revalorisation" des fonctions de directionmais vise plutôt à en faire des acteurs de l'accélération de la précarité du travail.
[...] Le SNUipp-FSU Nord appelle les collègues et les directeurs à refuser de participer aux commissions de recrutement des EVS dans les écoles et à le faire savoir à l'IA (modèle de lettre joint). [...]
A plusieurs reprises, dans son courrier, le SNUipp utilise le terme "directeurs" notamment lorsqu'il cite la circulaire du Rectorat de Lille.
Le SNUipp a raison de refuser que les directeurs soient transformés en "agents recruteurs de personnels à statut précaire". Cependant, dans le paragraphe suivant, il "appelle les collègues et les directeurs à refuser de participer aux commissions de recrutement".
Après avoir été invités à donner leur avis dans la pseudo consultation, les collègues seraient-ils également appelés à recruter pour le compte des directeurs ?
Et revoilà le SNUipp et son perpétuel amalgame entre direction et fonctionnement de l'école ! Mais ce n'est rien à côté de ce qui suit dans la fameuse lettre type à envoyer à l'IA...
Le Conseil des Maîtres de l'école ........................................
A Monsieur l'Inspecteur d'Académie, Directeur des Services Départementaux de l'Education Nationale du département du Nord
Monsieur l'Inspecteur d'académie,
Par ce courrier, le conseil des maîtres de l'école .......... a l'honneur d'attirer votre attention sur la situation délicate dans laquelle notre école se trouve suite à la mise en place précipitée du protocole sur la direction, qui a pourtant été refusé par plus des trois quarts de la profession.
Les propositions ministérielles aboutissent à un alourdissement des charges de direction, tant en termes de formation que de gestion des personnels, qu'il s'agisse de l'utilisation des PE2 comme décharges de direction, ou de l'emploi des EVS.
Le travail en équipe et le fonctionnement de l'école en subiront les conséquences.
Notre école a besoin de temps pour fonctionner autrement. La quantité de travail du collègue chargé de direction est liée au temps de concertation avec l'équipe éducative de l'école. Depuis l'installation des aides éducateurs en 1997 dans les écoles, les besoins en personnels se sont confirmés. Depuis longtemps, nous demandons les moyens nécessaires - en termes de personnels statutaires - pour couvrir ces besoins pour le secrétariat, l'animation des BCD, des sites informatiques, l'encadrement vie scolaire... Mais les diverses réponses apportées depuis n'ont été que provisoires et sans pérennisation des emplois précaires.
Aujourd'hui, on nous demande de recruter des personnels en "contrat d'avenir", qui sont encore une fois sous statut d'emploi précaire. Il est heureux que le Ministère reconnaisse de fait les besoins d'aide au fonctionnement des écoles. Mais nous ne souhaitons pas, en recrutant ces EVS en liaison avec l'ANPE, accroître la précarité qui devient préoccupante dans la Fonction Publique d'Etat.
C'est pourquoi nous avons l'honneur, Monsieur l'Inspecteur d'Académie, de porter à votre connaissance que nous demandons au collègue chargé de la direction de notre école de ne pas se transformer en agent recruteur de personnels à statut précaire et de ne pas participer aux commissions de recrutement.
Veuillez croire, Monsieur l'Inspecteur d'Académie, en notre profond respect et en notre attachement non moins profond, au Service Public d'Education et au Statut de la Fonction Publique.
L'équipe d'école
Cette fois, c'est trop ! Le SNUipp dépasse les bornes. Nous disons NON, 3 fois NON, au SNUipp !
Outre le fait que les arguments pour défendre le fonctionnement de l'école sont vides de sens, nuls, mal exprimés, les objectifs irréalistes et irréalisables, cette prise de position du SNUipp ne peut que susciter le sourire du ministre et de ses conseillers. Elle est hors sujet !
Ce courrier est méprisant pour les directeurs. Il consiste à les ignorer, à nier totalement leur situation à la tête de l'école, leur fonction, leur rôle et leur refuser toute reconnaissance... C'est nier leur existence même ! Ce courrier est inacceptable ! Il est indécent !
Livrons-nous à une analyse sommaire de ce texte :
Alors qu'il est concerné au premier chef par le protocole d'accord conclu entre le ministère et le SE-Unsa, ce n'est pas le directeur qui s'adresse à l'IA, c'est le conseil des maîtres !
Ce n'est pas le directeur qui signe ce courrier, c'est "l'équipe d'école" !
Le directeur est placé sous tutelle ! A deux reprises, il est désigné par l'expression "collègue chargé de direction"... Même le ministère a plus d'égards...
Si le SNUipp dénonce les mesures ministérielles, on comprend bien que c'est parce qu'elles nuisent au "travail en équipe et au fonctionnement de l'école"...
On aimerait que ce syndicat, qui se targue de n'avoir pas signé le protocole, prenne d'abord, et avant tout, la défense des directeurs dans ce dossier !
Tout en espérant récupérer le mouvement et surtout les voix des drecteurs, le SNUipp nous confirme qu'il ne se préoccupe pas davantage du sort des directeurs que le SE-Unsa, son rival. N'oublions pas que le SNUipp a beaucoup tergiversé avant de refuser de signer le protocole dans lequel il voyait, lui aussi, des "avancées"...
Et ce n'est pas se livrer à un combat anti-syndical que d'affirmer que les directeurs n'ont rien à attendre de ces syndicats-là !