Le rapport de la concertation
Lancée le 5 juillet dernier, la « grande concertation » a été articulée autour de quatre sujets majeurs : « la réussite scolaire pour tous », « les élèves au cœur de la refondation », « des personnels formés et reconnus », « un système juste et efficace ». Mardi 9, François Hollande présentera ses priorités pour l’école et jeudi 11 Vincent Peillon livrera ses arbitrages Du rapport remis le 5 octobre, nous avons extrait quelques paragraphes significatifs que nous publions ci-après.
---------------------------------------------------------------------
POURQUOI REFONDER L’ÉCOLE ?
Le constat commun, c’est qu’un certain nombre de signaux doivent aujourd’hui nous alerter :
1. Des résultats qui baissent
Quand on observe les résultats des élèves aux différentes enquêtes internationales depuis le début de 2000 (PISA, qui évalue les acquis des élèves à 15 ans, ou PIRLS qui se focalise sur leurs compétences à l’écrit durant le primaire), l’école française occupe dans l’horizon international une place à peine moyenne. Plus grave, sa position, déjà fragile, tend à se dégrader, notamment pour ce qui concerne les résultats des élèves les plus en difficulté. Concernant le premier degré, la France occupait en 2001 le 18e rang sur 36 pays évalués. En 2006, elle n’occupait plus que le 27e rang sur 44 pays évalués. 32 % des écoliers français étaient alors jugés faibles ou très faibles, quand la moyenne européenne est de 25 %.
2. Des inégalités qui se creusent dans l’École et mettent en danger le projet républicain
L’école française ne progresse plus pour tous mais, de façon plus alarmante encore, elle laisse sur le bord du chemin un nombre grandissant de jeunes issus des milieux les plus fragiles socialement.
Les enfants issus de l’immigration souffrent aussi de cette École qui ne progresse plus. L’écart entre ces enfants et ceux nés en France demeure important. Plus alarmant encore, selon PISA 2009, la différence perdure même pour les enfants de la seconde génération, qui ont pourtant suivi une scolarité complète sur le sol français. Notre pays peine à intégrer ces enfants qui enrichissent notre communauté nationale.
3. Une concurrence scolaire exacerbée
L’interrogation porte sur la liaison étroite et durable entre le diplôme de formation initiale et l’insertion professionnelle.
4. Une confiance qui s’effrite
Faute d’un projet politique suffisamment explicite et partagé au cours des trois dernières décennies, la politique de massification, si elle a été effective en termes de flux, a échoué sur le plan qualitatif. Le collège unique n’a pas su gérer l’hétérogénéité scolaire (qui est sa définition même) en ne parvenant pas à mettre en place une pédagogie et des remédiations efficaces face à la difficulté scolaire.
5. Un mal-être qui s’installe
Le mal-être scolaire touche désormais une partie non négligeable des enfants et, par ricochet, des familles, ainsi que des enseignants. Ce mal-être face à l’École est aussi ressenti par les familles qui expriment à son endroit des demandes ambivalentes. Le mal-être scolaire se fait aussi sentir chez les enseignants, comme le montrent les recherches et comme l’ont souligné les acteurs de la concertation. Beaucoup éprouvent une souffrance dans l’exercice même de leur métier, le sentiment de ne pas y trouver ce qu’ils en attendaient, mais aussi celui de la difficulté à enseigner et éduquer au quotidien, de l’incommunicabilité et de la solitude professionnelle. Ils ont le sentiment d’une dévalorisation de leur métier et d’un déclassement social.
Cette crise de confiance dans le métier d’enseignant se lit notamment dans les difficultés actuelles de leur recrutement qui menacent à terme la qualité du corps professoral.
6. Une action publique incohérente
Malgré la décentralisation et la déconcentration, l’éducation nationale n’a pas encore totalement rompu, dans son fonctionnement quotidien, avec les pratiques d’une organisation administrative et politique historiquement verticale et autoritaire qui a beaucoup perdu en efficacité.
À cette perte de sens et à cette organisation administrative dysfonctionnante, s’est ajoutée une action publique désordonnée, mise en place exclusivement sur le court terme et avec pour seule cohérence d’être développée autour d’un mode de management techniciste (pilotage par les résultats, tableaux de bord...), peinant à considérer l’ensemble des acteurs à associer, notamment les collectivités territoriales.
De nombreuses réformes organisationnelles ont créé des coquilles vides (les projets éducatifs pour enfants en difficulté scolaire comme les PPRE, les cycles...), au détriment de dispositifs de conduite du changement visant l’évolution des pratiques notamment pédagogiques. Les injonctions irréalisables à cause de la non-adéquation entre les moyens et les objectifs (dans le cas de réformes mal pilotées comme l’introduction du socle commun de connaissances et de compétences, de l’intégration des élèves en situation de handicap, de l’aide personnalisée...) et les injonctions contradictoires (par exemple, l’affirmation d’un collège unique mais le développement d’une quasi-filière avec le module Découverte professionnelle de 6 heures) se sont multipliées. Les dispositifs scolaires se sont empilés sans succès au fil des années (voir tous les programmes autour de l’aide personnalisée ou du soutien aux élèves en difficulté). Mais plus grave encore, les écarts entre les principes affichés et les réformes présentées sont devenus légion : affichage du souhait de renforcer la formation des enseignants mais destruction de son organisation au travers de la réforme de la « mastérisation » ; discours sur l’allongement du temps de scolarisation avec l’opération de « reconquête du mois de juin » mais réduction du nombre de demi-journées d’école au primaire en 2008; introduction d’un socle commun sans souci d’articulation et de compatibilité avec les programmes existants... Plus généralement, faute de perspectives de long terme, les réformes ont été peu évaluées, empêchant ainsi que se construise une action publique sur des bases stabilisées, consensuelles et donc pérennes.
7. Une École qui peine à entrer dans le XXIe siècle
Le contexte sociologique a changé : les institutions traditionnelles tendent à décliner – l’École, la famille, la religion... – tandis que monte l’individualisme ; le couple autorité/légitimité est remis en question ; la société se fragmente en entités identitaires et une société de la défiance, entre les diverses communautés notamment, progresse. Les modes de participation et d’association traditionnels s’affaissent (recul du militantisme politique, dans une moindre mesure de la vie associative...) mais d’autres formes de collaboration sociale et politique, d’autres formes d’interactions se développent, comme les réseaux sociaux virtuels.
REFONDER L’ÉCOLE POUR REFONDER LA RÉPUBLIQUE
1. Relever les défis du XXIe siècle
Le savoir pour construire son avenir
L’École est le lieu privilégié de la transmission des connaissances et des savoirs disciplinaires.
L’École pour instituer le lien civique
L’École laïque a reçu des mains de ses fondateurs la mission de consolider la République, en transmettant ses valeurs et en formant des citoyens. L’apprentissage de la citoyenneté ne se résume pas à l’acquisition, nécessaire, de connaissances sur le système politique et institutionnel.
Apprendre à vivre ensemble
Être citoyen, c’est vivre ensemble. Or, l’école française, en son sein comme dans son rapport avec ses partenaires du monde extérieur (collectivités territoriales, associations, entreprises), a encore du mal à gérer les différences de tous ordres : diversités culturelles et religieuses résultant de l’intégration de populations immigrées, bien sûr, mais aussi situations de handicap, normes sociales divergentes, ou encore hétérogénéité des pratiques professionnelles.
Une École juste
Lutter contre l’échec scolaire est un impératif de justice sociale, mais c’est aussi un gage d’efficacité, la condition pour mobiliser toutes les forces du pays pour aller de l’avant.
Une École bienveillante
Quand l’École est bienveillante envers les élèves – qui sont d’abord des enfants et des adolescents –, quand elle accueille enfants – y compris en situation de handicap –, parents et personnels dans des locaux conviviaux et adaptés, quand elle respecte les rythmes et la santé des enfants et des jeunes en allégeant des journées trop longues et trop peu nombreuses, quand elle prévient la violence et crée les conditions d’un climat apaisé et serein dans les établissements, elle met toutes les chances de son côté pour faciliter les apprentissages dès les débuts de la scolarité.
2. Une véritable politique publique pour l’École
Des partenaires diversifiés
L’École est un service public national. Tous les acteurs de la concertation ont insisté pour affirmer le rôle central de l’État, garant de l’égalité sur tout le territoire. Il a aussi beaucoup été dit que l’École était l’affaire de tous, qu’il fallait ancrer l’École de demain dans son territoire et l’appuyer sur ses partenaires. Parents, collectivités, associations, monde du travail…
Rénover l’action publique en éducation : des outils moins prescriptifs et plus efficaces
Les réformes doivent être désormais mieux préparées, selon un processus participatif, associant les acteurs de terrain, personnels comme institutionnels. Il a été notamment demandé que la conception des programmes scolaires prenne en compte l’avis des enseignants.
VERS L’ÉCOLE DU FUTUR
1. La réussite scolaire pour tous
La priorité à l’école primaire
Affecter en priorité les moyens supplémentaires en personnels qui vont être créés dans les écoles maternelles et primaires en ciblant d’abord les territoires en difficulté.
Redonner du sens à l’école maternelle
La mission de l’école maternelle, qui est d’accompagner les débuts de l’enfant à l’école, fait d’elle une structure spécifique. L’école maternelle doit être clairement identifiée et centrée sur les apprentissages premiers, et notamment le langage oral, grâce à une rénovation de ses objectifs d’enseignement et à des approches pédagogiques adaptées. Elle doit être préservée de la pression de l’évaluation. Comme cela a été souligné dans un atelier, la confiance ne peut s’installer dans un contexte de mise en échec. Parce que la scolarisation précoce, dans ces conditions, contribue fortement à l’amélioration des trajectoires des élèves des milieux défavorisés, elle doit être largement développée.
- Conforter l’identité de l’école maternelle en redéfinissant son rôle et ses missions, en réunissant en un seul cycle petite, moyenne et grande sections et en assurant une formation spécifique à tous les personnels qui y interviennent.
- Développer la scolarisation à partir de deux ans, dans des conditions adaptées aux enfants et à leurs besoins psychologiques et physiologiques, en commençant dès la rentrée 2013 dans les territoires en difficulté.
École élémentaire : une pédagogie renouvelée au service des apprentissages fondamentaux
Pour être en mesure de transmettre les premiers éléments d’une culture commune faite des savoirs fondamentaux, des compétences et des valeurs indispensables à une poursuite d’études réussie, l’école élémentaire doit repenser ses programmes jugés trop lourds, faire évoluer ses pédagogies, prévenir les difficultés et les traiter en apportant à chaque élève une réponse adaptée à des besoins clairement identifiés.
- Affecter plus de maîtres que de classes pour permettre aux équipes pédagogiques de travailler autrement et mieux, en développant le travail en commun, en apportant, dans la classe, un accompagnement personnalisé aux élèves qui en ont besoin et en facilitant l’engagement des familles dans le projet de réussite scolaire de leurs enfants. Cette mesure doit concerner en priorité les territoires en difficulté, bénéficier d’abord aux premiers niveaux d’enseignement – CP-CE1 – et être généralisée progressivement.
- Intégrer l’aide personnalisée dans le temps scolaire et organiser l’accompagnement du travail personnel à l’école même, dans le cadre d’une réforme des rythmes. Ceci signifie la suppression effective des devoirs à la maison.
- L’enseignement d’une langue étrangère doit être abordé dès le cours préparatoire. Il doit être assuré par des maîtres qualifiés, en utilisant les technologies modernes disponibles et avec pour objectif privilégié la maîtrise orale de la langue.
Fluidifier la transition école-collège
Dans le cadre de la mise en œuvre du socle, il convient d’articuler les enseignements du collège avec ceux de l’école élémentaire et de fluidifier la transition école-collège. Au-delà du simple renforcement des liens déjà institutionnalisés entre maîtres de CM2 et enseignants de 6e, d’autres mesures sont nécessaires, comme par exemple une redéfinition des cycles pouvant être situés sur les deux niveaux d’enseignement.
- Pour passer de manière progressive du maître unique aux professeurs spécialisés, organiser un enseignement regroupé en champs disciplinaires à la fin de l’école primaire et au début de la scolarité au collège.
- Faciliter les collaborations pédagogiques et les concertations communes (projets communs, services partagés...), notamment par l’expérimentation de l’association d’un collège et des écoles de son secteur.
Les élèves au cœur de la refondation
Rénover l’espace éducatif
L’École n’est pas seulement un lieu de cours mais aussi un lieu de vie. Elle doit donc être attentive à la qualité de l’accueil.
Des rythmes éducatifs adaptés et respectueux des besoins des enfants
Modifier les rythmes éducatifs doit conduire à interroger les pratiques pédagogiques et à modifier les programmes d’enseignement. Si la durée dévolue au temps scolaire doit être décidée nationalement, il semble pertinent que l’organisation du temps périscolaire complémentaire fasse l’objet d’une décision locale concertée (à l’initiative des communes, des communautés de communes ou des départements).
La journée, la semaine, l’année
- En primaire, le nombre d’heures de cours ne doit pas excéder 5h par jour. La journée doit obligatoirement prévoir une pause méridienne d’1h30 minimum.
- Augmenter à l’école primaire le nombre de jours de classe, par la mise en place d’une semaine de quatre jours et demi. La demi-journée supplémentaire serait le mercredi, avec possibilité de dérogations au niveau des communes.
- Peut être également envisagé d’allonger d’une à deux semaines la durée de l’année scolaire. Il conviendrait également, pour respecter l’alternance sept semaines de cours / deux semaines de vacances, d’envisager soit la suppression du zonage de certaines petites vacances soit le zonage de toutes les vacances.
La mise en œuvre
- Inscrire dans la loi les projets éducatifs locaux (PEL) et impliquer les ministères concernés dans leur mise en œuvre. Définir un cahier des charges national sur la base des expérimentations menées par de nombreuses collectivités.
- Accompagner financièrement les collectivités dans la mise en œuvre de la réforme par la mise en place d’un fonds de compensation destiné à assurer l’égalité territoriale, dans le cadre d’une approche interministérielle.
Une École inclusive pour la réussite des élèves en situation
de handicap
La santé des élèves
La politique de santé à l’École contribue à la réussite et au bien-être de tous les élèves.
La vie scolaire et l’éducation à la citoyenneté : pour un climat apaisé
Le climat scolaire est un facteur déterminant pour la réussite des élèves et la prévention des phénomènes de violence scolaire. C’est pourquoi l’École doit y être particulièrement attentive en appréhendant l’élève dans la globalité : celui-ci est à la fois un enfant à instruire, un citoyen à éduquer, un travailleur à former.
3. Des personnels formés et reconnus
Un métier qui s’apprend
L’intégration de la formation des maîtres à l’université est désormais acquise. Le niveau de recrutement au master est également accepté. Il doit cependant être accompagné d’un pré-recrutement au niveau licence pour aider les étudiants modestes à s’engager dans cette carrière. Les nouvelles écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) doivent être des composantes de l’université, ce qui implique un nécessaire équilibre entre cadrage national et autonomie. La formation initiale des enseignants doit marcher sur ses deux jambes : académique et pédagogique. Sa vocation professionnalisante doit être affirmée.
Un métier qui s’exerce
- Reconnaître la dimension collective du métier (travail en équipe, échanges sur les pratiques, partenariat avec les parents ou les divers acteurs territoriaux, innovation) par des temps institutionnels dédiés et une formation adéquate.
- Rompre avec la rigidité des emplois du temps hebdomadaires en se donnant la possibilité de globaliser un certain nombre d’heures, dans une fourchette précise et négociée, pour faire évoluer les pédagogies, permettre le travail inter et pluridisciplinaire.
- Mettre en œuvre une véritable politique de ressources humaines (individualisation de la gestion et du suivi des personnels, développement de la médecine de prévention, protection juridique...).
- Développer la notion de parcours professionnel et concevoir des « carrières » diversifiées : les enseignants doivent pouvoir accéder non seulement à d’autres niveaux d’enseignement mais aussi à d’autres types d’activité et de responsabilité. Un continuum de carrière permettant une mobilité et une diversification de l’expérience devrait ainsi être rendu possible (information, bilans de compétences, complément de formation, évolutions réglementaires sont nécessaires).
Un métier qui s’évalue
La nécessité institutionnelle de l’obligation faite aux fonctionnaires de rendre compte de leur activité n’a évidemment pas été remise en cause par la concertation. En revanche, le système actuel n’est pas jugé satisfaisant : notation administrative à bout de souffle, critères d’évaluation contestés, évaluation pédagogique réduite à un contrôle de conformité... La concertation propose de revoir la nature et la finalité de l’évaluation des personnels.
- Retrouver un équilibre et une clarification des rôles entre les deux évaluateurs (chef d’établissement et inspecteur) tout en réaffirmant la double fonction de l’évaluation : le contrôle et le conseil. L’évaluation doit être d’abord un outil pour accompagner les trajectoires professionnelles en termes de missions exercées et de besoins de formation.
- Faire de l’évaluation un processus qui s’inscrit dans la durée, qui prend en compte le parcours professionnel, le travail en équipe, ainsi qu’une part d’autoévaluation et qui valorise l’investissement personnel.
4. Un système éducatif efficace et juste
Un partenariat parents-École redynamisé
L’idée qu’il convient de faire participer les parents pour faire réussir les enfants s’impose aujourd’hui comme une évidence. Il s’agit désormais, dans une perspective de co-éducation, de reconnaître aux parents leur place légitime à l’École.
- Créer un statut des parents délégués (droit à l’information, organisation des conseils et réunions à des horaires compatibles avec leurs obligations professionnelles, salles dédiées).
Une gouvernance rénovée
La question dite de la gouvernance se pose à trois niveaux principaux : celui des écoles et des établissements, celui des académies et de ses partenaires territoriaux, celui enfin du ministère et de son administration centrale. Les participants ont déclaré leur attachement à une éducation nationale qui détermine ses principes de fonctionnement conformément aux dispositions arrêtées par le Parlement. Cette position est pleinement compatible avec un partenariat reconnu et renforcé avec les collectivités territoriales.
Au niveau des écoles et des établissements
- Dans chaque établissement, une partie de la dotation doit pouvoir servir aux initiatives des équipes éducatives pour leur permettre de conduire, dans le cadre de leur autonomie, des projets adaptés aux besoins des élèves.
- Pour mieux reconnaître la place des collectivités territoriales, élargir l’actuel contrat d’objectifs, passé jusque-là entre le recteur et les établissements du second degré, pour aller vers un contrat pluri-annuel d’objectifs et de moyens tripartite. Ce contrat devrait s’insérer dans un projet éducatif territorial.
- Définir enfin un véritable statut des directeurs d’école et leur donner les moyens pour qu’ils puissent accomplir l’ensemble de leurs missions et devenir les interlocuteurs reconnus de leurs partenaires.
La relation avec les collectivités territoriales
- Réformer le conseil territorial de l’éducation nationale pour en faire le lieu institutionnel d’échange entre le ministère de l’éducation nationale et les collectivités, chargé de définir les orientations nationales relatives à leurs compétences partagées.
- Redéfinir les missions et les méthodes de travail des instances locales de concertation (CDEN et CAEN) pour qu’elles deviennent de véritables espaces de dialogue associant notamment l’éducation nationale, les collectivités territoriales et les parents d’élèves dans le cadre de compétences conjuguées.
Le pilotage pédagogique national
- Créer par la loi une instance auprès du ministre chargée de proposer et de coordonner le socle et les programmes. Cette instance aura aussi pour mission de labelliser les manuels scolaires (conformité aux programmes, lutte contre les stéréotypes...). Elle associera des scientifiques, des experts de l’éducation nationale et des enseignants.
- Renforcer les missions des corps territoriaux d’inspection en matière d’animation pédagogique. Pour qu’ils puissent remplir leurs missions au plus près des enseignants et des établissements, leur nombre devrait être augmenté.
Une évaluation de l’École recrédibilisée
Une évaluation de l’École est indispensable, non pour être utilisée à des fins de mise en concurrence généralisée, mais pour améliorer les résultats.
Chaque école, chaque collège, chaque lycée doit évaluer son action et y être aidé par la mise à disposition d’outils appropriés. Les services académiques doivent également disposer d’informations fiables pour accompagner plus efficacement l’action des écoles et établissements. Enfin, l’évaluation concerne le niveau central, qui doit se doter d’une vision globale du fonctionnement et de l’efficacité du système éducatif. La question de l’évaluation demeure pourtant polémique, tant elle a parfois été dévoyée. Par exemple, la méthodologie des évaluations des acquis des élèves à l’école primaire est fortement mise en cause. Ce n’est pas tant le principe d’une évaluation par des indicateurs qui est contesté que la manière dont ils sont choisis, construits et utilisés. L’évaluation, pour être reconnue et utile, doit être cohérente, scientifiquement légitime et participative.
---------------------------------------------------------------------
Pour intéressant qu’il soit, ce rapport contient tant de lieux communs qu’on se demande s’il était bien nécessaire de réunir autant de monde durant 3 mois pour aboutir à un constat mille fois établi et à des recommandations si souvent proposées depuis des années voire des décennies.
A noter que sur les 52 pages du rapport, le mot « directeur » n’apparaît qu’à 2 reprises… Page 51, sur les propositions concernant la « gouvernance » des établissements, il est indiqué : « Définir enfin un véritable statut des directeurs d’école et leur donner les moyens pour qu’ils puissent accomplir l’ensemble de leurs missions et devenir les interlocuteurs reconnus de leurs partenaires. »
Cette recommandation peut laisser du baume au cœur… Cette phrase n’est pas nouvelle puisqu’on la retrouve depuis des années dans tous les rapports remis aux différents ministres…
Les directeurs d’école, échaudés, ne se réjouiront pas trop tôt. En effet, rappelons-nous ce que nous écrivions dans notre article du 13 juillet dernier dans lequel nous relations les propos tenus le 11 juillet par le ministre devant la commission des Affaires Culturelles en réponse à une question posée par le député Frédéric Reiss : « …Parmi les questions qui sont plus particulières, la question des directeurs d’école reviendra sans cesse. Il y a beaucoup d’écoles en France. Nous n’avons pas aujourd’hui la possibilité de donner ce statut. »
La probabilité est donc forte pour que cette belle recommandation ne reste lettre morte une fois encore…