Le numéro 77 de juin 2009 de « snuipp-infos » est presque exclusivement consacré à faire le point sur les RASED, les CLIS et la psychologie scolaire.
Le SNUipp revient sur « le formidable mouvement qui a contraint le ministère d’annoncer le maintien de 1500 personnels E et G dont les postes devaient être fermés ».
Il décrit dans le détail les nouveaux textes issus de la circulaire de 2002, l’un pour les réseaux, l’autre pour les CLIS.
Certes, ces textes sont intéressants, mais, ce qui a retenu notre attention concerne les « échos de la C.A.P.N. » (Commission Administrative Paritaire Nationale). L’occasion pour le SNUipp de s’intéresser à certaines catégories de personnels de l’Education nationale.
Le SNUipp nous fait part de ses « inquiétudes pour les psychologues ». En effet, sachant que « régulièrement, 10% des postes ne sont pas pourvus, la tentation d’employer des vacataires va être grande pour les IA au vu des besoins ». Et le SNUipp en tire les conséquences que « la qualité du service public risque de ne pas être au rendez-vous ».
Le SNUipp a les mêmes inquiétudes pour les directions spécialisées (IME, EGPA, EREA…). Les capacités d’accueil sont supérieures au nombre de candidats en liste principale. Les départs en formation ne cessent de baisser depuis 2005…
« Le SNUipp a alerté sur les trop nombreuses Segpa qui fonctionnent sans directeur ou avec des directeurs à temps partiel. Il a rappelé l’exigence du respect de la circulaire de 2006, très explicite sur les missions des directeurs, confortée par la circulaire sur les orientations pédagogiques récemment parue ».
Saluons la démarche de ce syndicat qui s’inquiète de la situation de ces personnels. Il est tout à fait dans son rôle dans la dénonciation d’un dysfonctionnement nuisible au fonctionnement de l’école.
Nous aimerions toutefois que le SNUipp ne s’arrête pas en si bon chemin et qu’il poursuive son action en faveur d’autres personnels qui connaissent les mêmes difficultés : les directeurs d’école.
Le même constat peut être établi : plusieurs milliers de postes non pourvus chaque année, la qualité du service public qui n’est pas au rendez-vous, la définition des missions qui reste vague…
Notons aussi que le SNUipp utilise le terme approprié « directeur » pour désigner le responsable d’établissements spécialisés et qu’il ne le fait pas lorsqu’il s’agit des écoles maternelles et élémentaires… Dans ce cas, il choisit d’évoquer « direction et fonctionnement de l’école ». Curieux, non ?
Le SNUipp appelle à la vigilance sur un arrêté paru au Bulletin Officiel en avril dernier sur les Unités d’Enseignement dans les établissements spécialisés.
« Les termes de ce texte peuvent amener à réduire considérablement les moyens en personnel de ces établissements, notamment en ce qui concerne la direction pédagogique (qui disparaît au profit d’une « coordination pédagogique »).
Le SNUipp a saisi le ministère « des conséquences de ce texte concernant la situation statutaire des personnels ».
Cette fois, on croit rêver ! Le SNUipp exige une « direction » pédagogique et surtout pas une « coordination ». Il défend la situation « statutaire de ces personnels ». Soit exactement le contraire de ce qu’il prône pour l’école primaire… A savoir un directeur sans statut soumis à un conseil des maîtres décisionnaire !
Il devient indispensable que le SNUipp nous explique ce qui motive des choix si opposés dans des situations analogues !
Mêmes contradictions et mêmes incohérences à réclamer et obtenir que les enseignants de CLIS soient déchargés des obligations d’aide personnalisée.
« Les enseignants de CLIS, comme nous le demandions, ne sont pas concernés par les heures consacrées à l’aide personnalisée ».
On peut comprendre que ces collègues de CLIS, comme ceux des RASED, bénéficient de ce temps pour la concertation et les relations avec les parents. On comprend moins que le SNUipp n’ait pas demandé que la mesure soit étendue aux directeurs d’école qui, eux aussi, et peut-être davantage que les enseignants de CLIS et du RASED ont besoin de temps de concertation avec leurs adjoints et les parents pour organiser et assurer le suivi de l’aide personnalisée.
Contradictions, incohérences mais également mépris.
Dans le chapitre III intitulé « Organisation des aides spécialisées dans l’école », le SNUipp passe complètement sous silence le rôle du directeur pourtant membre à part entière de l’équipe de suivi scolaire des enfants en difficultés notamment dans les écoles abritant une CLIS.
« Les enseignants spécialisés apportent une aide directe aux élèves en difficulté, selon des modalités variées, définies en concertation avec le conseil des maîtres, sous l’autorité de l’IEN, et s’inscrivant dans le projet d’école. Le conseil d’école est informé des modalités retenues, conformément à l’article D411-2 du code de l’Education ».
Ce paragraphe est révélateur de l’état d’esprit des principaux responsables nationaux et départementaux du SNUipp. Dans ces quelques lignes, ce syndicat cite le conseil des maîtres, l’autorité de l’IEN, le projet d’école et le conseil d’école. N’y manque qu’un « petit élément », un tout « petit élément » : le directeur qui n’est même pas cité.
Pourtant, n’est-ce pas le directeur qui réunit les différents conseils ? N’est-ce pas lui encore qui définit les « modalités retenues » ? N’est-ce pas lui qui impulse, coordonne, rédige le projet d’école ? N’est-ce pas vers lui que se tournent les parents confrontés aux rouages complexes des aides spécialisées ?
Oui, ces quelques lignes témoignent d’un profond mépris pour les directeurs d’école. Les oublier de façon aussi ostensible, c’est nier leur existence et leur rôle dans le fonctionnement de l’école.
Plus généralement, c’est afficher clairement une idéologie qui n’a pas sa place dans l’école du XXIème siècle. Comment ne pas qualifier d’irresponsables les délégués nationaux ou départementaux qui cautionnent de telles idées sur la direction d’école ? Comment peuvent-ils justifier que leurs positions résultent d’un quelconque mandat imposé par un congrès ? Comment expliquent-ils que les enseignants de SEGPA accepteraient plus facilement que les adjoints des écoles primaires d’avoir, à leur tête, un « p’tit chef » ?
Comment un syndicat digne de ce nom peut-il assumer autant d’incohérences, de contradictions et de mépris à l’égard d’une catégorie de personnels qu’il est censé défendre ?
Il est plus que temps que le SNUipp prenne conscience qu’il fait fausse route et commet une grave erreur en ignorant superbement les directeurs d’école et en niant aussi ostensiblement leur rôle. Ceux-ci acceptent de moins en moins d’être ainsi méprisés.
Ce syndicat encourt le risque de voir enfler la contestation qui pourrait rapidement se transformer en véritable rébellion anti-SNUipp et se traduire par une perte importante de ses adhérents.