L’affaire de Nogent sur Marne est révélatrice du désamour qui s’est installé dans les relations entre les directeurs d’école et les syndicats. Le « je t’aime, moi non plus » remplace la confiance et la croyance en un syndicalisme fort, efficace et écouté.
A Nogent, hormis le SNUDI-FO 94, combattant de la dernière heure, aucun syndicat n’a daigné s’intéresser peu ou prou au sort de l’école qui se voyait dépouillée d’un poste de direction par le fait d’une collusion entre la municipalité et l’inspection académique. Pas le moindre communiqué. Pas la moindre action… Rien que le silence.
Pourtant, toutes les conditions étaient réunies pour refuser le dictat de l’administration. Parents, enseignants et syndicats pouvaient se retrouver unis pour mener un légitime combat. Un poste de direction était en jeu. Le fonctionnement de deux écoles aussi.
Comment expliquer l’absence de réaction du SNUipp-FSU, du SE-Unsa, du SGEN-CFDT, du SNE-CSEN, du SCENRAC-CFTC et des autres ?
Imagine-t-on pareille indifférence s’il s’était agi de la suppression d’un poste de RASED ?
Le SNUDI, intervenu tardivement, bien après les parents d’élèves, craint essentiellement la mise en place déguisée d’un EPEP. Il dénonce donc le non respect de l’application de « l’article 1 du décret 89-122 du 24/02/1989 qui oblige à nommer un directeur d’école par école constituée. »
Suffit-il d’exiger la nomination d’un directeur par école pour considérer que problème de la direction d’école est réglé ? Cela reviendrait à laisser croire qu’il faut absolument désigner le besogneux de service pour accomplir les tâches administratives et s’occuper des corvées quotidiennes. Cela s’apparente fortement à du mépris !
Suffit-il d’exiger le respect des textes pour estimer que l’on a défendu la direction d’école ? Les directeurs d’école ne sont-ils pas dignes d’avoir leur situation améliorée par une reconnaissance statutaire et financière ?
Pourquoi cette différence de traitement de la part de tous les syndicats enseignants du premier degré selon qu’il s’agit de monter au créneau pour défendre des RASED ou des directeurs ?
Comment expliquer ce silence dans la tentative de coup de force de Nogent ?
Les associations de parents d’élèves seraient-elles plus soucieuses du bon fonctionnement de l’école que ne le sont les syndicats ?
Les associations de parents d’élèves seraient-elles plus efficaces que les syndicats enseignants pour obtenir le respect des textes qui régissent le droit des écoles ?
Autant de questions qui montrent à quel point le climat de confiance s’est dégradé entre directeurs et délégués syndicaux ! Les syndicats auraient tort de prendre ce désamour à la légère. C’est tout le tissu syndical qui part à vau-l’eau.
Rappelons-nous le temps, pas si lointain, où dès l’entrée à l’Ecole Normale d’instituteurs chaque élève adhérait quasi systématiquement à la MAIF, à la CAMIF, à la MGEN et au SNI-PEGC…
Et pour ceux qui attendaient un peu avant d’adhérer à un syndicat, dès leur première affectation, le directeur leur « conseillait affectueusement » de prendre leur carte syndicale… Depuis, le climat a changé. Les directeurs ont déserté les organisations syndicales. Ils ne délivrent plus les conseils d’adhésion. Les effectifs de syndiqués se tarissent dangereusement…
Qu’en sera-t-il, dans quelques années, lorsque les plus anciens militants auront pris leur retraite ? Ne nous le cachons pas, c’est encore sur eux que s’appuient les syndicats pour donner l’illusion de la puissance. Pour combien de temps encore ?
Il serait dommage que les « grands syndicats » subissent le sort de la défunte CAMIF par manque d’adhérents…