Le phénomène s’amplifie. Des témoignages de plus en plus nombreux nous parviennent de collègues qui voient leurs conditions de travail se dégrader depuis la signature du protocole. Il s’agit essentiellement de directeurs exerçant dans des écoles de 5 à 9 classes.
Petit rappel : L’une des dispositions essentielles du protocole signé par le SE-Unsa et le ministère en mai 2006 concerne la journée de décharge accordée aux directeurs de 4 classes. Cette nouvelle est naturellement bien accueillie par les intéressés. Ce n’est que justice.
Hélas, comme nous le disions à l’époque, cette mesure qui s’apparente à du bricolage présente de graves conséquences pour les autres directeurs.
Bricolage, disions-nous, parce que cette mesure ne s’accompagnait pas de créations de postes. Le protocole proposé par Gilles de Robien prévoyait d’assurer les décharges par du personnel IUFM (PE2).
Bricolage encore parce que ces élèves-enseignants ont été affectés dans les écoles sans que le directeur ait le choix du jour de sa décharge et donc parfois de son propre emploi du temps.
Bricolage toujours parce que certains départements étant excédentaires en PE2, l’administration en a profité pour les affecter sur les écoles de 5, 6, 7 classes ou plus afin de récupérer les titulaires remplaçants utilisés sur les décharges des directeurs concernés. Ce qui n’est pas sans conséquences pour nombre de collègues car compte tenu des obligations des PE2 d’effectuer 3 stages dans l’année (un dans chaque cycle), ils ne peuvent pas assurer la décharge du directeur 6 jours par an.
En effet, la décharge constitue le premier stage en responsabilité, les 2 autres étant répartis en 2 fois 3 semaines. Ainsi, chacun des directeurs d’écoles à 5 classes et plus perd donc 6 journées dans l’année par rapport à ce qu’il avait précédemment. Certes, il avait été dit que ces décharges perdues pourraient être compensées par des journées assurées par des titulaires remplaçants. Quand on sait combien déjà il est difficile de remplacer les enseignants absents, on peut craindre qu’il le soit davantage encore pour assurer les décharges perdues.
Bricolage enfin que de mettre ces PE2 en situation de responsabilité de classe, dès le début de l’année, sans formation préalable. Afin de ne pas donner un surcroît de travail aux directeurs qu’il s’agit de décharger, rappelons-le, les IUFM doivent assurer le suivi de leurs stagiaires. Or, ce suivi pédagogique est si limité que, dans certains cas, des directeurs se trouvent dans l’obligation d’aider leur PE2 en perdition s’ils ne veulent pas pénaliser leurs élèves ou perdre des familles qui ne supportent pas que leur enfant soit victime des carences de l’Education nationale. En effet, quelques cas de départ volontaire d’élèves, heureusement très rares, nous ont été signalés !
Comment un directeur peut-il être serein le jour de sa décharge administrative s’il voit sa classe en difficulté de fonctionnement ? Comment peut-il accepter de voir sa décharge être amputée d’1/6 alors qu'elle est déjà tellement insuffisante, ?
Un comble, tout de même, de voir une mesure annoncée par le SE-Unsa comme une « avancée » pour certains, se transformer, de fait, sur le terrain en un recul des conditions de travail pour d’autres. Ce syndicat avait-il pris le temps de réfléchir aux conséquences de sa signature ? Un an après, avec le recul, quel bilan en tire-t-il ? Nos collègues aimeraient bien le savoir…