Vendredi 25 janvier, s'est tenue la 7ème réunion du protocole de discussion entre le ministère représenté par M. Duwoye (secrétaire général), M. Nembrini (Directeur de la DGESCO) et M. Macron (DGESCO) et les 3 syndicats associés : SNUipp-FSU, SE-UNSA et SGEN-CFDT.
Cette séance, précédée de réunions bilatérales, mercredi et jeudi, avait pour objectif de conclure le protocole. Le ministère devait présenter ses propositions. Le ministère n'ayant pas présenté de nouveau document, la discussion a porté sur l'affectation des 2 heures libérées et l’organisation du temps de service des enseignants.
Nous vous présentons ci-dessous, le compte rendu effectué par le SNUipp et le SE.
Le SNUipp a marqué son étonnement sur la méthode. Il a rappelé ses exigences d’augmentation de temps pour le travail en équipe, de prise en compte de la charge de travail, de la nécessité de développer les RASED... Il a mis en évidence les inégalités entre les écoles et entre les personnels qu’entraînerait la mise en place du dispositif. Le SNUipp a fait valoir qu’il était maintenant de la responsabilité du Ministre de faire des propositions écrites et précises à partir desquelles il se prononcerait au final, après avoir pris le temps, si nécessaire, de consulter la profession. Les parties 1 à 3 du texte du 8 janvier (les principes généraux, le repérage des difficultés des élèves, les dispositifs d’aide et l’implication des parents) devraient être confirmées (avec la référence aux RASED et le rôle décisionnel du conseil des maîtres que le SNUipp avait demandés). - Concernant l’organisation du service des enseignants, les représentants du ministère ont affirmé que l’utilisation des deux heures libérées par la suppression du samedi matin porterait essentiellement sur du temps d’enseignement devant élèves. - Le ministère a formulé une proposition de répartition des 2 heures libérées (soit 72 heures sur l’année) : - 4 heures pour la concertation (qui s’ajouteraient aux 18 heures existantes dans le cadre de la 27ème heure) - 20h de travaux au sein des équipes pédagogiques et relations avec les parents Suite à cette proposition du Ministère, le SE-UNSA a livré son analyse à la profession et a demandé l’avis aux collègues sous forme de sondage : « Suppression du samedi matin : quelles conséquences sur l’exercice du métier ? Donnez votre avis sur les 108 heures ! » Les premières remontées (5158) mettent nettement en exergue deux dimensions : - la demande d’une meilleure prise en compte des besoins de concertation (avec l’apparition, notamment, des projets personnalisés de scolarisation pour les élèves en situation de handicap) au sein de l’équipe - mais aussi la reconnaissance de la charge de travail qu’allaient demander ces nouvelles actions en direct auprès d’élèves en difficulté, hors temps scolaire (besoin de concertation avec tous les partenaires concernés, de préparation, d’évaluation, de suivi, de formation spécifique …). Cette validation de notre demande d’un capital-temps, laissé à disposition des équipes, s’est trouvée confortée et c’est ce que nous avons défendu lors de la bilatérale en faisant des propositions de répartition des 108 heures [du SE-Unsa] déclinées ainsi : - 22h pour travaux au sein des équipes pédagogiques et relations avec les parents Lors de cette bilatérale, nous avons évoqué aussi particulièrement la situation des enseignants de maternelle en contestant le fait que ces enseignants n’auraient rien à faire vis à vis de leurs élèves. Pour nous dépistage, prévention, relation avec les familles, accueil des enfants en situation de handicap offrent largement de quoi s’occuper sans être « sommé » d’aller en élémentaire sur les deux heures à effectuer. Nous avons aussi pointé la charge que ces activités nouvelles vont faire peser sur les directrices et directeurs d’école : quel temps supplémentaire eu égard à leur rôle de coordination et de pilotage dans ce dispositif ? Sans commenter nos propos introductifs, le Ministère n’a pas fait la synthèse qu’on aurait pu attendre suite aux 6 plénières et aux bilatérales. Il nous a demandé, à nouveau, de repréciser nos propositions. Celle du SE-UNSA étant claire (nous avions même fait une contribution écrite), le secrétaire général [du ministère] a interrogé le Sgen et le Snuipp pour connaître leur demande de répartition des 108 heures. Leurs réponses ont été les suivantes : - pour le Snuipp, une indication « précise mais souple » doit être faite sur les heures d’actions directes auprès des élèves. Pour le Snuipp ces indications horaires sont nécessaires pour prendre en compte les situations diverses et éviter les inégalités sur le terrain. Le Snuipp a fait part d’une nouvelle demande : une consultation des collègues - pour le Sgen, l’idée d’un capital-temps est à retenir mais les propositions du Ministère en l’état semblent convenir. Suite à notre insistance, le Ministère a tenté une synthèse en faisant la proposition suivante : - 22h pour travaux au sein des équipes pédagogiques et relations avec les parents, permettant la préparation des 68h Pour le ministère le nouveau dispositif qui donne deux heures de plus aux enseignants pour la prise en charge d’élèves en difficulté est une amélioration des conditions de travail. Le SE-UNSA a clairement exprimé son désaccord sur ce découpage horaire artificiel qui méconnaît la réalité de notre métier. Pour l’illustrer, le SE-UNSA a utilisé une image : Suffit- il de décréter d’arroser une plante pendant 2 heures pour qu’elle pousse ? Nous avons donc à nouveau explicité les raisons de notre désaccord : - Il est incompréhensible, pour nous, de « décrocher » arbitrairement le temps de préparation et de mise en œuvre du temps d’action auprès des élèves. De plus accorder seulement 4h en plus pour faire ce travail frise le ridicule. S’agissant de l’amélioration des conditions de travail annoncée par le ministère le SE-UNSA a mis en garde contre l’alourdissement de la charge de travail que ces heures pourraient représenter en fonction des choix qui seront faits par le ministre. La balle est maintenant dans le camp du Ministre : c’est lui qui devrait trancher le débat. Nous tenons également à porter à la connaissance de nos lecteurs le communiqué du SNE-CSEN. Ce syndicat n'a pas participé au protocole de discussion sur le "samedi matin" mais a, néanmoins, été reçu mercredi au ministère. Concernant ses propositions pour «définir un nouvel horizon pour l’école primaire », le SNE a demandé au Ministre, entre autre, que : - Pour les adjoints, les 72 heures de classe dégagées par la suppression des samedis matins soient considérées comme des temps institutionnels destinés à plus de concertation au sein des équipes, à plus de formation, à une meilleure prise en compte des actions et des projets en faveur des élèves en difficulté, aux réunions avec les parents et leurs fédérations et aux rendez-vous avec les familles comme avec tous les autres partenaires de l’école, municipalité et associations. - Pour tous les directeurs d’école, leur soit laissée la liberté d’utiliser les 2 heures ainsi libérées, pour la gestion de leur école, sachant qu’une nouvelle mission va s’ajouter à toutes celles qui leur incombent déjà. A la suite de cette audience, le Président du SNE a adressé une lettre au Ministre pour insister sur cette proposition. En effet, si ce n’est pas le directeur de l’école, dont l’une des missions est de diriger le Conseil des Maîtres, qui d’autre mettra en place, organisera, suivra, et garantira auprès de l’Administration mais surtout auprès des parents des élèves, le bon fonctionnement de ces heures de soutien en faveur des élèves en difficulté ? Je suis persuadé que les parents d’élèves apprécieront de trouver un directeur d’école disponible pour les informer et les rassurer sur le bien-fondé des actions proposées pour leurs enfants. Les enseignants nommés sur les postes de remplacement seront appelés à intervenir dans les écoles, ils pourraient donc palier auprès des enfants les heures que les directeurs d’école consacreraient à la mise en œuvre et au pilotage de cet ambitieux projet. Les adjoints seront ainsi libérés des contraintes institutionnelles et pourront se consacrer pleinement à leur enseignement. Dans l’attente de voir bientôt la mise en place d’établissement du premier degré, ce serait un premier pas vers la reconnaissance du métier de directeur.
Nous avons rappelé notre demande que ce soit le conseil des maîtres qui décide du dispositif.
- 68 heures destinées :
- à des aides directes aux élèves qui connaissent des difficultés scolaires importantes,
- à la prise en charge de petits groupes d’élèves (notamment en maternelle),
- à la formation des enseignants à ce nouveau dispositif
La référence aux études dirigées devrait être supprimée.
En tout état de cause, ces propositions sont en recul par rapport à celles avancées par le ministère lors de la séance précédente (54 heures devant élèves et 18 heures de concertation).
Elles sont extrêmement éloignées de nos demandes de temps de concertation et de prise en compte de l’accroissement de la charge de travail, de mise en place de dispositif au sein de la classe ou de l’équipe.
A ce titre, nous avons affirmé qu’elles étaient, pour le SNUipp, inacceptables en l’état.
Le SE-UNSA s’y est rendu dans l’objectif de faire clairement des contre-propositions au projet de répartition des 108 heures qui, en l’état, était pour nous inacceptable. Pour mémoire, le Ministère proposait :
- 14h de formation
- 6h de conseils d’école
- 68h consacrées à des actions directes auprès des élèves en difficulté
- 6h de conseils d'école
- 12h de conférences pédagogiques
- 68 heures dévolues à l’aide aux élèves rencontrant des difficultés d’apprentissage ; heures consacrées au repérage des élèves, à des actions directes auprès d’eux, à la concertation et à l’organisation de ces aides (réunions d’équipe éducative, réunions de synthèse RASED …), aux rencontres avec les familles dans le cadre de ce suivi spécifique, aux actions de formation liées au dispositif d’aide aux élèves en difficulté.
- 6h de conseils d'école
- 12h de conférences pédagogiques
- 68 heures dévolues à l’action directe auprès des élèves qui pourraient correspondre à trois blocs identifiés :
_ les heures de soutien (actions directes auprès des élèves)
_ les prises en charge de petits groupes de besoins en maternelle notamment (actions directes auprès des élèves)
_ actions de formation pour les enseignants, avec la volonté exprimée que cela se traduise en répartition horaire précise déclinée dans les textes réglementaires.
- Il faut faire enfin confiance aux équipes et au professionnalisme des enseignants pour organiser au mieux les 68h en y incluant le temps de concertation nécessaire. C’est le sens de la liberté pédagogique que nous défendons. C’est aux enseignants d’apprécier ce qui doit être mis en oeuvre dans le cadre de ces heures.
- La prescription horaire trop précise, de la part du Ministère, est un non sens pédagogique vu la diversité des situations.
Le SNE a été reçu le mercredi 23 janvier par Xavier Darcos.
Courrier adressé à Xavier Darcos par Jean-Claude Halter, président du SNE-CSEN :
A la suite de l’audience que vous avez accordée au SNE-CSEN, je me permets d’insister en réitérant la demande que je vous ai faite, de laisser à tous les directeurs d’école la liberté d’utiliser les 2 heures libérées le samedi matin pour la gestion de leur école, sachant qu’une nouvelle mission va s’ajouter à toutes celles qui leur incombent déjà.
[…]
Cette mise en place, pour qu’elle se fasse dans de bonnes conditions pour tous, demandera du temps et de la disponibilité. C’est ce qui manque le plus actuellement à la majorité des directeurs d’école.