Les trois candidats arrivés en tête du premier tour avaient dit et répété leur volonté de faire de l'éducation la priorité des priorités. Mais, au terme de la campagne, quelles sont les idées force que l'on peut en retenir ? Bien difficile à dire tant le débat a été escamoté.
En évoquant la sectorisation, les deux principaux candidats à l’élection présidentielle ont mis le système éducatif, de l’école à l’université, au centre de la campagne électorale. Il y a cinq ans, ce thème était resté largement sous silence.
Cependant, malgré cet intérêt très fort pour l’éducation, les forces politiques ne soutiennent plus de « grands projets pour l’école », regrette Claude Lelièvre, historien de l’éducation. A l’exception du modèle néolibéral de Nicolas Sarkozy, peut-être l’une des visions les plus cohérentes proposées aujourd’hui, les candidats rencontrent des difficultés à articuler un programme de réforme de l’école et de l’université. Une constante apparaît néanmoins chez les principaux candidats : l’Etat doit devenir le régulateur, et les établissements, dans le secondaire comme dans le supérieur, doivent obtenir les moyens et les responsabilités de leur autonomie. De l’analyse comparative émane in fine un constat assez étonnant : celui d’une convergence très forte entre les programmes, peut-être beaucoup plus importante que les divergences.
L'Arlésienne de la campagne
"Au début, on y a cru : la carte scolaire, le temps de travail des enseignants, les jeunes en très grande difficulté... A droite comme à gauche, nos candidats avaient décidé de parler école sous toutes ses coutures, parfois en usant de la caricature, mais pas forcément en termes consensuels. Las. Au lieu d'un débat, ce fut un feu de paille. Et finalement, on n'a discuté de rien. Le bon vieux consensus mou qui prévaut sur l'école (et qui contraste avec les discussions passionnées qui prévalent dans les familles et entre profs) a repris le dessus. Exit les questions qui fâchent et retour aux grandes incantations sur l'école, priorité des priorités. Unique grande question des impétrants à l'Elysée : comment se concilier les bonnes grâces de l'électorat enseignant échaudé par un pouvoir d'achat à la baisse et des postes en chute libre... Ségolène Royal, avec sa vidéo sur les 35 heures, avait un gros handicap à remonter. Elle fit par conséquent les promesses les plus larges. François Bayrou, agrégé donc ami, s'est attaché à ne pas compromettre l'avenir en promettant de ne rien bousculer ou presque. Nicolas Sarkozy chamboule trop pour être audible et peut-être même crédible. Chacun dans son rôle et vive la démagogie ! Le système scolaire heureusement possède sa propre capacité d'évolution. Ses ressorts internes existent. Mais l'occasion perdue, une nouvelle fois, laisse amer. A dans cinq ans pour un nouveau débat !"
Brigitte Perucca
Le Monde de l'Education
Le débat sur l'éducation que chacun attendait s'est résumé à quelques déclarations de principes sur la carte scolaire et à une passe d'armes sur les moyens alloués à l'école. Aucune discussion de fond, aucun projet d'envergure, aucune vision globale de l'école du XXIème siècle. On cherchera, en vain, un grand dessein ou même le souffle de rénovation dont a besoin notre système éducatif.
Bref, une fois de plus, la montagne a accouché d'une souris...