Dans le dernier numéro de "Fenêtres sur cours" de février 2007, Sébastien Sihr signe un article consacré au "projet d'EPEP et statut d'emploi". Nous y avons relevé un paragraphe sur la direction d'école :
"De plus, avec le statut d'emploi fonctionnel, c'est un statut hiérarchique qui ne dit pas son nom qui se profile. Il ne concerne d'ailleurs qu'une minorité de directeurs (EPEP, décharge complète), et introduit de fait des directions à "2 vitesses". Ces directeurs devraient être recrutés hors mouvement, avec des missions et responsabilités étendues. Rien en ce qui concerne la reconnaissance pour tous les directeurs dont les responsabilités et les missions n'ont cessé de s'alourdir. Si la question du pilotage des écoles ne peut être éludée, elle est pour le primaire liée avec la notion d'équipe enseignante. D'où, comme le met en perspective le SNUipp, la nécessité de temps et de moyens pour la direction et l'école".
Rien de très nouveau dans ce discours, si ce n'est l'apparition d'un mot hier encore tabou : "RECONNAISSANCE"... "la reconnaissance pour tous les directeurs"...
Rappelons-nous les discours précédents, il n'y a pas si longtemps, dans lesquels le SNUipp, comme le SE-Unsa, affirmait sans crainte du ridicule : "les directeurs d'école ne veulent pas d'un statut".
Suite à la signature du protocole en mai 2006 par le SE-Unsa, le SNUipp a senti le vent de la fronde des directeurs. Son discours a alors subi une très sensible évolution. Ainsi, en août 2006, dans FSC, Sébastien Sihr écrivait :
"Aujourd'hui plus que jamais, le SNUipp réaffirme son exigence de prise en compte de la réalité des besoins des écoles pour une direction et un fonctionnement améliorés. Cela nécessite des réponses d'une autre ampleur : du temps supplémentaire pour toutes les écoles, des emplois administratifs stables, des aides matérielles, une redéfinition et un allègement des tâches de direction, une réelle revalorisation indiciaire".
Puis, la consultation IFOP commandée par le GDID a obligé les centrales syndicales à revoir leur vocabulaire et leurs arguments. On alors entendu le SNUipp réclamer "la reconnaissance institutionnelle du conseil des maîtres comme instance de décision" (cf notre article). Nouvelle provocation à mettre sur le compte de l'affolement devant les réponses claires et sans appel des directeurs favorables à 93 % à la reconnaissance du métier par un statut ? Contre-offensive des idéologues de service à la tête du SNUipp ? A suivre...
Aujourd'hui, le même Sébastien Sihr emploie le vocable "reconnaissance". Le mot lui aurait-il échappé ? Ou, comme nous le pensons, subit-il la pression des directeurs qui en ont assez d'être bafoués par le SNUipp ? A suivre...
Nous devons continuer notre combat pour la création d'un statut de directeur d'école. La reconnaissance, version SNUipp, ne restera qu'un vain mot si elle ne se traduit pas de façon institutionnelle. Et c'est à partir de là que nous pourrons exister et réclamer de réels moyens, d'abord pour nous-mêmes et donc, au final, pour un meilleur fonctionnement de l'école, termes chers à nos syndicats...
Cette lente mais notable évolution des discours syndicaux montre que nous parvenons à nous faire entendre. La consultation IFOP-GDID n'y est pas étrangère. Nous devons poursuivre notre rassemblement autour de ces idées partagées par la quasi totalité des directeurs.
Notre pression doit surtout être orientée vers les syndicats majoritaires. Aucun gouvernement, de gauche, de droite ou du centre, ne nous accordera de statut si les syndicats enseignants s'y opposent. Depuis le drame des mainifestations de décembre 1986 (mort de Malek Oussekine), aucun ministre ne prend le risque de braver les organisations syndicales sur des sujets "mineurs" pour le ministère.
En revanche, nous savons bien qu'aucun ministre ne refuserait de "reconnaître la fonction de directeur d'école" par un statut avec l'assentiment des syndicats enseignants. Tout cerveau normalement constitué, sauf à être perverti par une quelconque idéologie, ne peut s'opposer à la reconnaissance d'un métier à responsabilité.
Qui peut croire que la mise en place d'un statut de directeur d'école créerait un climat révolutionnaire dans les écoles ?
Qui peut croire que les adjoints partiraient en guerre ouverte contre les directeurs ? L'école primaire serait-elle en danger ? Son fonctionnement s'en trouverait-il perturbé ? Qui peut le croire, hormis quelques idéologues post-soixante-huitards ?
N'oublions pas que nos idées progressent. Lentement, certes. Mais qui aurait pu prédire, que la création du GDID par une poignée de collègues aboutirait, quelques années plus tard, à donner la parole à l'ensemble des directeurs de ce pays ?
Qui aurait pu prédire que 93 % des directeurs affirmeraient leur volonté d'être reconnus par un statut ? Qui aurait pu croire que les syndicats majoritaires seraient aussi cruellement désavoués par la base ?
Ne perdons pas espoir. Profitons de toutes les occasions pour faire entendre notre voix et ainsi montrer la bonne voie à ceux, tels le SNUipp, qui sont dans une impasse sur le sujet de la direction d'école.
Ne baissons pas les bras. En reprenant le vieil adage "les petits ruisseaux font les grandes rivières", nous reproduisons le sympathique message d'encouragement que nous a envoyé notre collègue Marie-Claire, directrice et membre du GDID 24 :
"Mine de rien... dans l'enseignement, personne (ou quasiment) ne lit "directeurs en lutte" comme personne (ou quasiment) ne lit "la bouteille à l'encre" ou " le bulletin du GDID"... mais c'est étonnant le nombre de collègues qui savent ce qui y est écrit ! Je vous prie de me pardonner la comparaison, mais ça me fait penser au déni de lecture de ... "Gala" ou "Voici" !