La revalorisation des enseignants
Dans une interview vidéo accordée au site Internet de l’Express, Xavier Darcos évoque les efforts financiers consentis pour revaloriser les enseignants… en ces termes :
« Les professeurs ont eu un gain de salaire très important dans ces dernières années grâce en particulier au recours des heures supplémentaires, que un jeune professeur qui commence va toucher une prime de 1500 €, qu’un professeur qui fait 3 heures supplémentaires va gagner 4400 €, c’est pratiquement un 13ème mois, voire un 14ème… »
Inutile de dire que le site de l’Express a chauffé après de telles déclarations. Devant l’afflux de commentaires, les journalistes de L'Express rappellent alors le cabinet du ministre qui reconnait la confusion mais à demi-mots :
"C'est un exemple des efforts de ce qui a été fait depuis le début de l'année pour les enseignants en termes de revalorisations des gratifications. Le salaire à 4400 euros ne va évidemment pas concerner tous les enseignants. Ce salaire ne s'applique qu'à certaines situations. On peut arriver à 4 400 euros dans certains cas si on ajoute au salaire, la prime et les trois heures supplémentaires."
En effet, le ministre avait certainement dans un procédé judicieux gonflé ce salaire en y rajoutant la prime de 1500 euros que touchent en deux temps les professeurs enseignant pour la première année.
La « sédentarisation des Rased »
Le ministre explique que 3000 postes sur 11 000 sont sédentarisés (des enseignants spécialisés qui aidaient les élèves en difficulté retournent dans les classes), et non supprimés, ce qu'il a répété à l'Assemblée lors du vote du budget de l'enseignement 2009, plaidant pour une "expérimentation d'un an". "Ce que nous voulons c'est que les Rased soient affectés dans les établissements où on a besoin d'eux", expliquait-il dans une interview vidéo à L’Express.fr le 20 octobre.
Là aussi, l’Express corrige quelque peu les propos du ministre :
En parlant de sédentarisation, Xavier Darcos joue sur les mots: dans les faits, les 3000 postes de Rased sont bien supprimés, les 3000 enseignants concernés cessant toute activité "spécialisée" en petits groupes avec des élèves en difficulté. Luc Ferry, prédécesseur de Xavier Darcos au ministère, avait d'ailleurs déjà affirmé sur Europe 1 en septembre dernier que le ministère souhaitait supprimer des postes de Rased pour des raisons comptables. Preuve supplémentaire de la volonté du ministère de diminuer les effectifs des Rased, la formation des maîtres E et G, les enseignants spécialisés des Rased, a été suspendue.
Sur la prime de 1 500 € versée aux débutants, les journalistes apportent également un correctif aux affirmations du ministre :
"Cette prime -versée en deux temps- pour les débutants est une totale nouveauté", confirme le cabinet de Xavier Darcos. Cette prime concerne uniquement les professeurs enseignant pour la première année, 25 000 en tout. Il a toutefois existé par le passé un autre dispositif, "la prime d'installation," de 10 000 francs par an.
On le voit, le ministre n’est pas à quelques arrangements près quand il s’agit de justifier sa politique… Et pour ce faire, Xavier Darcos ne rechigne pas à manier un langage direct et volontiers polémique. Il est effectivement coutumier des petites phrases qui, il le sait, seront reprises par les médias. En voici un petit florilège… non exhaustif :
Réunions syndicales sur temps de travail
"Je demande simplement aux syndicats de tenir leurs réunions à un autre moment que pendant les cours, puisqu'ils n'ont à effectuer que 24 heures de cours pendant la semaine !"
Bras de fer avec les syndicats
"Il y a, d'un coté, les gens normaux, de l'autre, les syndicalistes".
"Il y a un sujet sur lesquels les syndicalistes n'ont pas besoin d'investir : ce sont les banderoles. Ce sont les mêmes depuis quarante ans, et elles commencent toujours par "Non à...""
Temps de travail et résultats scolaires
"Nous avons les meilleurs résultats au bac quand il y a le moins d'heures de cours, du fait des grèves..."
Pourquoi ces petites phrases plutôt toniques ? Xavier Darcos en fournit lui-même l’explication :
"La guerre éclair est une nécessité dans l'Education. Si on ne va pas vite, on ne fait rien."