Une fois n’est pas coutume, nous avons décidé d’aborder un sujet qui n’a rien à voir avec l’objet de notre site. Simplement, nous avons recueilli 2 articles qui traitent d’un fait de société, de prime abord plutôt anodin, mais qui pourrait devenir un bon sujet de philosophie aux épreuves du bac 2009…
Le thème : la fessée.
Le Conseil de l'Europe veut interdire la fessée
Le Conseil de l'Europe veut en finir avec la fessée, pratique qui porte atteinte à la dignité de l'enfant. Un dossier de premier ordre !
Lue sur le monde.fr, cette brève qui m'a fait bondir de ma chaise : le Conseil de l'Europe veut en finir avec la fessée. Et l'organisation lance donc une grande campagne pour sensibiliser les parents sur cette question.
Incroyable ! Le Conseil de l'Europe, cette organisation non gouvernementale qu'il ne faut pas confondre avec l'Union européenne, n'a donc rien de mieux à faire, le dimanche après-midi, que de réunir une conférence internationale avant de s'entendre sur cette déclaration : «Aucune religion, situation économique ou méthode d'éducation ne saurait justifier de frapper un enfant, de le gifler, de lui donner la fessée, de le maltraiter, de l'humilier ou de recourir à toute pratique qui porte atteinte à sa dignité».
Il ne s'agit pas pour moi, ici, de défendre la fessée. On pourrait en parler pendant des heures. Philosophiquement, abstraitement, il semble évident que la violence est toujours un aveu d'échec, et que la bonne éducation est celle qui n'a pas besoin d'élever la voix pour se faire comprendre. Comme le bon chef est celui qui se fait d'emblée obéir et respecter.
Non, ce qui suscite mon courroux, c'est le caractère non seulement donneur de leçons, mais surtout le côté absolu de la déclaration. Rien ne justifie la fessée ! Absolument rien ! Ni une religion, ni une situation économique, encore moins une méthode éducative ! On parle, carrément, «d'atteinte à la dignité des enfants». Messieurs dames, nous avons là une quasi-religion, qui distribue les bons et mauvais points, qui décide de ce qui est bon, ou non, pour l'homme. Et en quel honneur ?
Mais on nous rassure dans Libé : l'initiative du Conseil est exclusivement préventive, il n'y aura pas de poursuites. Encore heureux ! et pourquoi pas une excommunication ? Bien sûr, le journal de Laurent Joffrin ressort l'éternel expert selon lequel les fessées que subissent les enfants sont la cause des violences que l'on observe entre adultes. Sans blague ? Ne serait-ce pas plutôt l'inverse ? L'absence d'éducation digne de ce nom qui provoque un bazar sans nom ? Personnellement, je commence à en avoir un tout petit peu assez des psychologues, des psychiatres, des leçons perpétuelles qu'ils donnent au monde, de leurs préconisations abstraites, de leur avis qui diffère selon l'école à laquelle ils appartiennent.
Car dans les faits, dans la vraie vie, que voit-on ? Des enfants brimés, battus, traumatisés ? Des atteintes à la dignité ? Oui, cela existe, même en France. Mais quand on n'a pas d'enfant, il suffit de se balader dans un supermarché ou dans n'importe quel lieu public (je ne parlerai même pas de super nanny) pour constater le désastre éducatif actuel, le caractère pathétique des adultes que les marmots mènent par le bout du nez. Depuis qu'on les vouvoie, qu'on leur demande leur avis (y compris pour des questions qui leur échappent totalement), qu'on en fait l'égal des grands, les enfants déraillent, car ils sont perdus. N'est-ce pas cela, qui est une atteinte à leur dignité ? Qui est la vraie atteinte à leur dignité ? N'est-ce pas là qu'il faut agir, au lieu de continuer à culpabiliser des parents souvent bien impuissants à trouver des solutions ?
Et puis, si l'on veut un peu élargir le sujet, il est assez amusant de voir que les Etats et les organisations internationales, lorsqu'ils sont impuissants à régler la mission pour laquelle il ont été choisis (la gestion de la cité), s'emparent très vite de la question du bien et du mal pour se mettre à édicter des lois morales. Mais depuis quand, en définitive, le Conseil de l'Europe est-il mandaté pour dire aux parents comment ils doivent éduquer leurs enfants ?
Par Chafouin.
Dans son édition du 3 janvier 2008, le magazine « Le Point » avait publié l’article suivant :
Une bonne fessée ne fait pas de mal !
Utilisée avec parcimonie et en dernier recours avant que les parents ne sortent de leurs gonds, la fessée est un outil éducatif parfois bien nécessaire. C'est ce qu'explique le Dr Maurice Berger, chef du service de psychiatrie de l'enfant au CHU de Saint-Étienne, en commentant pour Le Quotidien du médecin une enquête de l'Union des familles en Europe sur le bien-fondé de ce mode de correction utilisé par 96 % des parents. Ce spécialiste s'y déclare clairement contre l'interdiction de la fessée.
"Le psychisme de l'enfant a besoin d'autorité pour organiser ses pulsions, explique-t-il. L'enfant n'est pas un être innocent ni mauvais par essence : il a en lui de la violence comme il a de l'amour. Tout enfant manifeste des mouvements de jalousie, de domination, d'envie par rapport aux autres. Et le destin de ces pulsions violentes dépend en grande partie des réponses que les parents vont lui apporter. L'enfant a besoin de rencontrer des limites. Le problème est qu'à partir du moment où un adulte fait preuve d'autorité, il est très souvent suspecté d'abus d'autorité."
Il n'est pas question, pour les pères et les mères, de se conduire en tyrans, note le spécialiste. Et une fois les limites de l'acceptable atteintes, mieux vaut une sanction claire que des pleurnicheries parentales, pour souligner leur tristesse et tenter de culpabiliser le jeune récalcitrant. Bref, une fessée bien tempérée, donc à bon escient, après les "sommations d'usage" et surtout pas destinée à soulager l'adulte. Dans ce contexte, elle est ressentie comme méritée par l'enfant et elle ne nuit absolument pas aux relations familiales.
Alors, après lecture, pour ou contre une « bonne fessée » ?