Plus l’on s’approche de la date fatidique des élections professionnelles, plus les syndicats redécouvrent que les directeurs d’école existent. Ils utilisent même le vocabulaire approprié pour les désigner. Il est amusant de constater qu’ils ont redécouvert que le « responsable d’école » ou « l’enseignant chargé de direction » s’appelait « directeur »
Pourtant, ne nous y trompons pas, ce brusque regain d’intérêt pour les directeurs ne signifie pas que les responsables syndicaux renoncent à leur idéologie. Tout cela ressemble davantage à de la gesticulation médiatique qu’à un réel souci de prendre en compte nos revendications. Deux exemples récents sont là pour nous le rappeler si besoin est.
Le SNUipp 66 organise une consultation auprès des seuls directeurs de son département (Pyrénées-Orientales). Parmi les nombreuses questions, en figure une plutôt inhabituelle dans le langage syndical et qui concerne « la création d’un statut établissant un nouveau corps particulier de directeur »… Non, on ne rêve pas. Surprenant, n’est-ce-pas… La section départementale du SNUipp serait-elle manipulée par de zélés directeurs contestataires ?
La réponse ne se fait pas attendre. Le document d’accompagnement de l’enquête resituait précisément la question du "statut" auquel nous sommes fermement opposés (ce qui n'empêche pas de demander librement leur avis aux collègues), déclare Alain Vibert, conseiller syndical SNUipp 66. Voilà qui a le mérite d’être clair !
Ainsi, on demande aux directeurs s’ils sont d’accord ou non avec « la création d’un statut établissant un nouveau corps particulier de directeur » tout en leur précisant que cette proposition ne pourrait être retenue puisque le SNUipp y est opposé. Curieuse façon de leur demander leur avis. Comprenne qui pourra. D’ailleurs est-il bien nécessaire de reposer cette question aux directeurs ? Ils y ont déjà répondu à 93 % lors de la consultation IFOP / GDID. Pourquoi auraient-ils changé d’avis alors que leurs conditions de travail continuent de se dégrader et que leurs charges et responsabilités ne cessent de s’alourdir ?
Se pose alors la question de savoir ce que le SNUipp compte faire des résultats de sa consultation ? Si les directeurs renoncent à demander un statut, on devine aisément l’usage qu’il en fera… Mais, si les résultats font apparaître une demande massive d’un statut particulier, quelle sera la réaction des représentants départementaux du SNUipp 66 ? Auront-ils la dignité d'un de Gaulle qui, en 1969 désavoué par le peuple lors d’un référendum, annonçait sur le champ qu’il mettait fin à ses fonctions ?
Remettront-ils leur mandat à la disposition de la direction nationale ? A suivre…
De son côté, le SE-UNSA rivalise d’amabilités à l’égard des directeurs. Le 28 mai, il déclare qu’il « continue d’intervenir auprès du Ministère afin de faire évoluer les textes en voie de finalisation » :
- la circulaire d’application sur le service des enseignants
- la circulaire d’application sur le temps scolaire et l’aide personnalisée
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Concernant l’aide personnalisée, « le SE-UNSA a obtenu » :
- la suppression de la recherche d’harmonisation, par les IEN, des 60h sur une même commune.
- la possibilité d’intégrer l’aide personnalisée dans un PPRE et non pas l’obligation
- la mention des enseignants spécialisés alors qu’ils ne figuraient pas dans le document initial.
Concernant le service des directeurs d’école, « le SE-UNSA a demandé que tous les directeurs soient concernés par une décharge horaire, y compris pour les 1-2 classes ».
Après d’âpres discussions, le Ministère envisage la rédaction suivante :
Les directeurs bénéficient, sur les 60 h, d’une décharge comme suit :
- Directeurs d’école de 3 et 4 classes : décharge de 10 heures de service (donc 50h à assurer dont le temps d’organisation correspondant)
- Directeurs d’école de 5 à 9 classes : décharge de 20 heures de service (donc 40h à assurer dont le temps d’organisation correspondant)
- Directeurs d’école de 10 à 13 classes : décharge de 30 heures de service (donc 30h à assurer dont le temps d’organisation correspondant)
- Directeurs d’école de plus de 13 classes : décharge de 60 heures de service (donc aucune heure à assurer sur ces 60h)
« Le SE-UNSA a obtenu » :
- que « le traitement particulier des directeurs d’école », acté dans le relevé de conclusions, fasse bien l’objet d’une décharge de service dans le cadre des 60 h alors que le Ministère envisageait de l’indemnitaire sur une proposition du syndicat non signataire. Or, les directeurs réclament du temps, c’est le message qui nous a été envoyé dans le sondage « Avis sur les 108h » que le SE-UNSA a organisé et relayé auprès du Ministre.
- que les directeurs n’aient pas à assumer la responsabilité des heures effectuées par les enseignants de leur école puisque ce ne sont pas des supérieurs hiérarchiques.
- que les remplaçants ne soient pas considérés comme des moyens supplémentaires mis à disposition des IEN pour les 60h mais qu’ils agissent bien dans les écoles où ils effectuent des remplacements ET que les 108 h soient bien décomptées au fur et à mesure de leur exécution pour ne pas dépasser cet horaire sur l’année.
Le SE-UNSA a fait 2 demandes supplémentaires :
- que le temps d’organisation inclus dans les 60h soit chiffré à hauteur de 20h.
- pour les enseignants en RASED (maîtres E et G)
Le SE-UNSA a demandé le maintien de leurs obligations de service actuelles : 24+3 incluant les activités de coordination et de synthèse. Pour nous, les RASED ont une spécificité de prise en charge spécialisée qui ne se situe pas sur le champ de cette aide personnalisée sauf à aider les enseignants à le mettre en oeuvre dans le cadre des concertations au niveau de l’équipe pédagogique, c’est tout.
- pour les enseignants en CLIS
Nous pensons que c’est l’occasion de revoir leurs obligations de service et la charge de travail qui s’est ajoutée pour eux suite à la loi handicap et à l’apparition des PPS. Pour le SE-UNSA, celui-ci devrait se voir transformé en 24 d’heures d’enseignement à leurs élèves + 3 heures en moyenne par semaine à l’élaboration et au suivi des PPS de leurs élèves ; aux activités de coordination et de synthèse avec les différents partenaires (équipes pédagogiques, enseignants-référents, services de soins …) et aux travaux au sein des équipes.
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Dans le paragraphe consacré au service des directeurs d’école, le SE-UNSA oublie de préciser qu'il n’a pas obtenu de décharge horaire pour les écoles de 1 et 2 classes. Finalement le ministère s’en tient à ce que nous avions annoncé dans un précédent article. Que fait le SE ? Il passe au sujet suivant : des demandes supplémentaires pour les enseignants du RASED et les enseignants de CLIS.
Certes, que ce syndicat s’intéresse également aux enseignants spécialisés, rien de plus naturel. Mais on aurait aimé et apprécié un peu plus d’acharnement à défendre la cause des directeurs pour qui, rappelons-le, la mise en place de l’aide personnalisée sera un travail supplémentaire d’organisation et de suivi.
PS : Nous publions ci-après la réponse de Grégory Raynal, secrétaire départemental du SNUipp 66 (adjoint à Thuir) suite à notre article sur la consultation du SNUipp 66
Ce petit mot pour répondre à quelques affirmations présentes dans le commentaire qui suit la consultation du SNUipp 66.
Cette consultation n’est pas une décision de directeurs des Pyrénées-Orientales qui contesteraient la position nationale du SNUipp mais une décision prise par l’instance délibérative de notre section départementale, le Conseil syndical, composé de 21 membres élus parmi lesquels des directeurs mais aussi des adjoints maternelle, élementaire, spécialisés ….
Il ne s’agit pas d’une réaction épidermique mais d’une réelle volonté de donner la parole à tous les directeurs du département afin de connaître réellement leur opinion. Il n’y a pas de fissures au sein du SNUipp mais une volonté de faire avancer le dossier en évitant d’opposer les uns aux autres. Dans notre document d’accompagnement, le SNUipp 66 réaffirme (et ce n’est pas nouveau!) son opposition à la mise en place d’un statut particulier de directeur, ce qui n’est pas incompatible avec sa volonté de débattre du sujet. C’est ce que nous avons fait à maintes reprises dans des réunions départementales ouvertes à tous …. les directeurs présents n’étant pas favorables au statut que nous avions mis en débat !
De plus affirmer que nous nous soucions « seulement aujourd’hui » des problèmes des directeurs, c’est méconnaître les interventions du SNUipp tant au niveau national que départemental (la baisse des seuils de décharges mentionnée dans le document d’accompagnement en est un exemple) .
Quant aux élections professionnelles! Comment peut-on dans la même phrase critiquer le SNUipp « qui ne ferait rien sur le plan national » et jeter le discrédit sur une section départementale qui « s’agiteraient à des fins purement électoralistes »? Depuis sa création , le SNUipp n’a jamais attendu les élections chaque 3 ans pour « occuper stratégiquement le terrain ». Il est présent au quotidien auprès des collègues, directeurs et adjoints, et poursuivra son travail reconnu depuis plusieurs années par une grande partie de la profession!
Cordialement
Grégory Raynal, secrétaire départemental du SNUipp 66 (adjoint à Thuir)